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 Je serais un homme, mon fils.

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2 participants
AuteurMessage
Fozzie
dit "Le burlesque"
Fozzie


Masculin Messages : 124
Date d'inscription : 17/10/2010

Fiche Fractal
Nom: Fozzie
Affinité: Les loups des steppes

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MessageSujet: Je serais un homme, mon fils.   Je serais un homme, mon fils. Icon_minitimeLun 6 Fév - 23:31

Le théâtre de Fozzie



Je serais un homme, mon fils. Theatr10

Une toile cirée tendue sur quelques piquets. Une estrade en bois. Un rideau rouge. Ce n'est pas le grand luxe, mais c'est bien suffisant pour faire des pièces de théâtre amateur.

Les paroles d'une marionnette, répondant au doux nom de Barbara, font parfois vibrer la scène,

quand ce n'est pas un jeu d'ombres, profitant d'un rayon de soleil bien ciblé, qui crée une histoire sur un drap blanc tendu.

Je serais un homme, mon fils. Theatr12 ... Je serais un homme, mon fils. Theatr13

Je serais un homme, mon fils. Theatr14 ... Je serais un homme, mon fils. Theatr15




Quelques heures avant l'assaut...



A la lueur d'une lampe à huile, Fozzie achève les dernières retouches au costume de Barabas, le vieux pirate. Il sera le conteur sage, celui qui en a vu tant, celui qui pourra en raconter encore plus. Il sera le vieux sage. Il noue l'écharpe bleu. Il est prêt. Fozzie voulait le finir absolument ce soir. Il ignore pourquoi c'est important, ce soir, mais ce soir son coeur bat plus fort. Un grand soir. La dernière répétition avant de fixer une date, mettre des affiches dans tout le port pour le spectacle. C'est Maelle qui donnera le signal quand elle sera prête pour son animation avant la levée de rideau.

Il installe Barabas sur une des chaises en attendant les "fauteuils" commandés à Aurore, la chef artisane. Elle et son équipe savent faire du beau boulot, le résultat devrait être nickel. Les spectateurs seront bien assis, mieux que sur les bancs des trois autres rangs qu'il a lui-même confectionnés. Bancals pour certains, mais la salle ne sera pas remplie, ils choisiront les mieux bâtis.

Les invités d'honneur patientent au premier rang, muets pour l'ignorant mais si vivants pour lui. Barabas à côté de Gabriel, le cynique. Cocolie jacquetant à l'oreille de Barbara, elle un regard tendre vers Woody. En bout de l'allée, les deux énergumènes complotent, dieu sait quelle mauvaise farce, Kref et Third. Parmi eux, une chaise vide. Fozzie tire de sa poche une photo usagée qu'il dépose délicatement. Juste au-dessus, Noé assis sur un croissant de lune, se balance au bout d'un fil accroché à l'armature de la tente.


Je serais un homme, mon fils. Bonime10 ... Je serais un homme, mon fils. Marion11

Je serais un homme, mon fils. Marion12 ... Je serais un homme, mon fils. Marion10

Je serais un homme, mon fils. Woodyb ... Je serais un homme, mon fils. Krefratgarou

Je serais un homme, mon fils. Noa6bi10




Il s'éloigne, il les laisse à leur discussion perceptible à la seules oreille d'un rêveur accompli.

Le décor lui a pris moins de temps que prévu à construire, sans doute la motivation. Un excellent moteur la motivation.

Les marionnettes spectatrices privilégiées dans le téâtre de fortune ont quelques rires. Rires d'enfants. Rires d'un enfant. Leur attention se tourne vers le rideau rouge quand l'homme frappe trois coups sur le plancher de la scène à l'aide d'un gros pieu. Les lumières se font et se défont. La scène s'éclaire. Le spectacle commence.





La pièce s'achève. Fozzie reste derrière le drap blanc, épiant un bravo qui ne vient pas. Il passe au-devant et s'assoit sur le rebord de la scène. Il attend silencieux. Le regard du comédien perdu dans le noir, le regard posé sur la photo. Le temps s'écoule, efface la nuit lentement pour que le jour apparaisse. Il lève la tête. Il est encore tôt, il est déjà bien tard, il doit prendre son tour de garde. Il se lève et avance jusqu'aux chaises, jusqu'à celle où la photo est posée. Il est fatigué, les années sont lourdes à porter parfois.

- Je ne bois plus. Je ne mens plus. Si tu pouvais me voir, tu serais fière, dis-moi ? Crois-tu que je suis devenu un homme digne de toi ? Digne de vous ?

Le carré de papier ne répond pas.

Il est en retard pour prendre son service. Pamela, si elle le voit, l'épinglera pour un tour de la ville au pas de course, sac à dos chargé. Il troque son "habit" de comédien pour celui de milicien. Il récupère sur sa table de travail, Miss Piggy, l'arme qu'on lui a confiée, la passe dans sa ceinture. La tête de l'ours fétiche fixée en haut d'une tige de bois l'attend à l'entrée du théâtre. Il faut ça pour chasser les mauvais esprits de la forêt voisine et rassurer Woody. Il se tourne vers les marionnettes pour une requête.


- Veillez sur eux en mon absence. Je reviens tout à l'heure.

Il ouvre la tente d'un geste ample et sort.




Il ne reviendra pas.







Je serais un homme, mon fils. Bbmarina





pour Woody et Kref : https://bob-fract.forumgaming.fr/t923-un-theatre-des-marionnetes
pour Third : https://bob-fract.forumgaming.fr/t847-le-fil-de-l-histoire


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Macbeth
Matelot
Macbeth


Féminin Messages : 81
Date d'inscription : 21/01/2012

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MessageSujet: Re: Je serais un homme, mon fils.   Je serais un homme, mon fils. Icon_minitimeSam 11 Fév - 1:21

Elle avait espéré entendre les trois coups de bâton sur le plancher. Elle avait espéré voir se lever les lourds rideaux rouges et que la scène s'anime de comédiens comme de marionnettes pour mettre en lumière tant d'histoires loin de la monotonie et des guerres.

Elle avait espéré. Elle l'aurait volontiers attendu mais il n'était pas revenu. Il ne reviendrait jamais, le corps criblé de balles qu'elle n'a osé encore aller voir. Il avait succombé et elle le savait, hélas, un nom parmi d'autres dans la liste des victimes. Une liste qu'elle abhorrait déjà.

Elle aurait aimé créer des histoires avec lui, peut-être proposer des décors fantasmagoriques qui peuplaient son enfance, des personnages loufoques avec qui elle imaginait à l'époque tant d'aventures. Une époque où elle parlait peu, quasi pas, mais où chaque objet avait tôt fait de devenir magique dans son univers étoilé.

Tôt dans la journée, elle avait préparé de quoi se sustenter pour venir ici, au théâtre. Venir ici et apporter son soutien. Un peu comme si c'était chez elle. Puis surtout, oser montrer un petit sac contenant un trésor qu'elle n'avait jusque là jamais ressorti, depuis plus de cinq années, depuis son enfermement dans un bunker.

Stoïque, les bras ballants, elle laisse trainer son regard sur la pièce pour se rapprocher des marionnettes. Elle les observe et les scrute avec beaucoup d'attention comme autant de tendresse. De la pointe de son index, elle caresse les contours de l'une comme pour tenter de traduire des hiéroglyphes sybillines cristallisées dessus. Un léger sourire aux lèvres, les yeux pourtant embués de larmes.

- Je crains que la fée bleue ne vienne plus pour vous donner vie. Je ne sais pas si je peux emmener l'un des vôtres. Si j'en ai même l'autorisation, après tout, je ne suis personne...

Non, elle ne sait pas si elle en a le droit. Elle n'a rien d'une chapardeuse. Lisbeth laisse encore son regard vagabonder avant que celui-ci ne retombe sur Noë sagement assis sur son croissant de lune. Le dévolu semble jeter, la magie d'opérer. Alors seulement, elle dévoile le trésor caché dans une jolie sacoche si longtemps oubliée. Le contenu est assemblé de bout en bout, chaque partie l'une dans l'autre sans les enfoncer. Enfin, le bec de l'instrument rejoindra les lèvres d'une musicienne aux maigres partitions, comme pour un ultime hommage, face à un public de pantins immobiles attendant silencieusement le marionnettiste absent.



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