Alchimie: Patate douce et murex ou du feu à la glace.

Voilà déjà trois lunes que l’écarlate était de retour à la ville fomoire, sa chère et tendre. La jeune femme avait reprit des forces, pas encore suffisantes mais Gouache parvenait tout de même à suivre les entrainements. Elle se devait de rattraper son retard, de retrouver ses réflexes et sa vigueur.
Un matin très tôt sur la plage, on pouvait voir l’écarlate, un seau d’eau de mer à la main. Gouache ramassait des coquillages tout en profitant de sa matinée.
Cette nuit, la jeune femme avait eut envie de changement. Elle qui était habitée d’une bonne humeur constante depuis son retour, ses racines délavées qui jaillissaient de son crâne ne suivaient pas cette joie. Tout en regardant son flacon de teinture pourpre, un large sourire s’était dessiné sur les lèvres.
C’est ainsi qu’elle se retrouva à ramasser des coquillages sur la plage.
Le soleil venait tout juste de se lever, il offrait une parure d’étoiles dorées à la mer.
Le vent était frais et doux, le petit port d’Oilèan était calme à cette heure ci. Les quelques pochetrons dormaient encore, elle le savait car chaque nuit elle subissait leurs ronflements pesants. Tandis que les artisans, eux, s’afféraient à leur tâches quotidiennes.
La cueillette fut bonne, son seau à moitié rempli, Gouache avait parcourue une bonne partie de la plage à la recherche des fameux coquillages.
L’écarlate fit route vers la taverne, celle-ci était calme. Quelques matelots prenaient leur déjeuner, Gouache passa derrière le bar posa son seau sur le comptoir. Un morceau de pain grossier, c’est pas bon de commencer la journée le ventre vide. Une bouteille d’alcool locale.
Voilà, maintenant direction le dortoir puis les douches communes, avec son seau et sa bouteille à l‘intérieur, tandis que de l‘autre main l‘écarlate mordait à pleines dents dans le pain.

La petite lugubre était aux douches publiques.

Ses souliers luisants à l'entrée, venant juste d'être nettoyés pour témoins de sa présence.

Assise nue sur un tabouret devant un seau d'eau chaude et un petit tas de vêtements posé à coté,
elle frotte sa robe sur ses genoux avec un morceau de savon.
Insistant sur son col blanc taché de sang.

Tresses défaites, son allure change radicalement, elle à l'air d'une sauvageonne.
Son corps est encore plus pâle que sa figure, couleur presque cadavérique.
Sa silhouette est déjà tracée de belles courbes féminines à peine perceptibles lorsqu'elle est vêtue.
Les épaules bien droites, bras maigres aux muscles fins relativement saillants, une petite poitrine naissante,
taille fine au ventre musclé et une paire de petites fesses déjà bien rebondis
jusqu'auxquelles remontent de jolies jambes parfaitement galbées.

Finit pour la robe.
Elle la rince et l'essore plusieurs fois dans son seau et la tend devant elle pour l'inspecter une dernière fois avant de se lever et aller l'étendre dehors, au soleil derrière la cabane.
Endroit clôturé dédié aux filles.

Retournée à l'intérieur, elle vois une ombre s'approcher de la porte d'entrée...

Après un bref passage au dortoir, un linge et un petit récipient s’ajoutaient a son matériel. Gouache quitta le petit établissement pour rejoindre les douches, le soleil était un peu plus haut maintenant dans le ciel.
Un bras chargé, c'est de sa main libre qu'elle ouvra la porte du côté fille.
Une fois passée le seuil de la porte, la jeune femme tomba nez à nez avec une enfant nue comme un ver qui venait de la petite court arrière. La pâleur inhumaine de la gamine sautait aux yeux, encore un peu est elle était phosphorescente, à croire qu’elle suçait des cailloux radioactifs en cachette… Le fait de tombé sur une femme nue était commun dans les douches de la gente féminine, toutes connaissaient le corps d’une femme, logique…
Le visage de la gamine lui parut familièr, des traits durs sur un visage poupon, des cheveux d’encre mais en bataille…Habituellement bien domptés en deux couettes lustrées. Mercredi, cette coiffure cassait son côté malsain, fourbe et pervers. Mais cela la rendait plus sauvage.

- Bonjour Mercredi, déjà debout! Tu vas bien?

Gouache traversa la cabane des douches en prenant un tabouret et un savon artisanal, au lait de chamelle parfumé à la cannelle, au passage qu’elle posa à l’ombre contre le mur avec la bouteille, à l’extérieur. Le seau de coquillages resta à l’intérieur, à côté de la porte. Le linge sur les épaules, Gouache tira de l’eau d'un tonneau dans un autre seau puis sortit enfin côté court là où était son matériel. Mercredi n’avait pas bougé, elle la scrutait.

- Ca te dis de m’aider? …Si oui habille toi avant!

L’écarlate lui parlait en lui montrant son dos, c’est ainsi qu’elle vit la robe de la gamine sécher dehors.
La jeune femme lança la serviette sur le tabouret et posa son nouveau seau d’eau, afin de pouvoir retirer son sweet orange qu’elle lui tendit..

- Va te doucher et mets ça si ta robe n’est pas sèche d’ici là, ce qui m’étonnerait car il ne fait pas encore assez chaud. Je veux pas que tu tombes malade. . Fais pas gaffe à la couleur et puis personne ne te verra avec à part moi. En attendant, j'vais me laver et décolorer les cheveux, ce sera facile seule..

Mercredi regarde passer son amie à l'air un peu gênée et retourne s'asseoir sur son tabouret,
prenant ses collants sur ses genoux et recommençant les même gestes que pour la robe.

- Bonjour Mercredi, déjà debout! Tu vas bien?
- Bonjour. Oui, je fais ma lessive, c'est plus tranquille le matin, les poch'tron dorment.
T'aider à quoi ?
M'habiller ? J'ai pas finit ma lessive et je suis pas encore lavée.
Et puis on est pas dans les douches des filles ici ?

La petite resta à l'intérieur, reprenant sa besogne. Gouache sortit, laissant son sweet dans la cabane.
Dehors, l'écarlate s’installa sur son tabouret. Elle libéra ses cheveux, puis retira son débardeur. La jeune femme ne tenait pas à le salir, elle se retrouva donc en soutien gorge.. Sa peau était blanche, on pouvait voir une taille fine accompagnée de belles courbes féminines. Le linge sur les épaules, le seau d'eau et la bouteille prochent d'elle. Gouache trempa ses cheveux dans l'eau puis les savonna et enfin les rinça.
L'écarlate allait commencer la partie la plus délicate, la décoloration. Pour ça, elle s'empara de la bouteille d'alcool de patate douce, l'odeur forte la fit douter.
Mais elle bascula son buste et sa tète en avant. La bouteille déversa doucement son liquide sur la chevelure. Par endroits, sur les petites coupures, le liquide piquait le crâne de l'écarlate.
On pouvait voir la scène depuis l'intérieur des douches.
La bouteille à moitié vide, Gouache massa ses cheveux tout en les trempant dans le seau d'eau. Les yeux fermés, aucune goutte ne devait s'infiltrer, fallait pas perdre un oeil...
Sa couleur partit presque instantanément. Quand elle rouvrit les yeux, le seau était remplit de sang! En fait.. non, c'est la peur que Gouache eut. L'alcool était presque corrosif, elle s'était imaginé chauve pendant quelques secondes.
Les cheveux rincés et blonds. Ils furent aussitot enveloppés dans la serviette. La première étape était finie.
Gouache jetta le seau de liquide rouge plus loin, puis entra dans les douches pour reprendre de l'eau claire. Elle posa son seau en dessous de la pompe et commença à pomper. De sa main libre , l'écarlate retira le linge de ses cheveux afin de dévoiler sa couleur temporaire à Mercredi restée à l'intérieur.

- Tadam!! Nan je plaisante c'est pas finit! Ca te dit de me mettre du liquide visqueux provenant d'un pauvre petite bête sans défense?

Mercredi écarquille les yeux un instant avant de reconnaître les traits du visage de Gouache sous cette tignasse blonde.

Elle venait de finir son chemisier et sa culotte, manquait plus qu'elle à laver.

- Tadam!! Nan je plaisante c'est pas finit! Ca te dit de me mettre du liquide visqueux provenant d'un pauvre petite bête sans défense?
- Hmm oui pourquoi pas, je vais étendre mes affaires d'abord. Je me laverais après.
Elle est où la petite bête ?

Gouache prit le seau de coquillage et le montra à Mercredi.

- LES petites bètes! Ce sont des murex. Bon cela ont un peu mutés, ils sont plus petits normalement.

L'écarlate en sort un du seau pour le montrer plus en détails à la gamine.

Alchimie: Patate douce et murex ou du feu à la glace. Dye-murex1

Alchimie: Patate douce et murex ou du feu à la glace. Dye-murex1

- J'espère qu'il y en a suffisamment...Allez viens on va dehors. Si t'aime pas le soleil, ne t'en fais pas, on se met à l'ombre. Et tu devrais mettre mon sweet...

[/i]La jeune sortie et rapprocha le tabouret vers le mur, elle prit un pot et s'assit. Un pauvre mollusque fut trancher, à moitié sortit de sa carapace. Son liquide de défense habituellement couleur crème, changement instantanément de couleur à l'air. Il passa du bleu turquoise au bleu foncé. Gouache récolta le précieux liquide dans un pot en terre.

- Bizarre...C'est censé faire du pourpre..Tant pis! Tiens voilà, si tu veux t'amuser avec moi. C'est ce liquide qui va teindre mais cheveux.

La jeune femme tendit un murex vers Mercredi, le poignet Bleu.[i]

Oh, c'est ça ..? Dommage je pensait à un truc mignon, comme la bestiole greffée à la main du Serbe
Gouache peux lire un léger air de dégoût sur la figure de la gamine quand elle prononce le mot mignon.

Mercredi passe le sweet orange sur son dos sans l'enfiler, empoigne son rasoir chéri posé sur une tablette et suit la blonde.
Curieux, nue dehors, la fraîcheur matinale régnant encore, elle ne montre pourtant ni grelots ni chaire de poule.
Est-elle insensible au froid ?
Elle observe attentivement Gouache assassiner le premier mollusque.
Se légère moue répugnée et curieuse l'amuse.
Elle plonge à son tour la main dans le sceau pour en tirer un coquillage.
Elle l'observe longuement sous tous les angles pendant que celui de Gouache finit de se vider dans le bocal.
Elle tire ce dernier vers elle, puis d'un geste vif, ouvre son rasoir et présente la bête devant.
Aïe, ça va être une boucherie... ou pas ?
Tenant l'animal au dessus du bocal, d'un geste rapide mais d'une précision chirurgicale, elle lui fait une simple entaille.
Le liquide recherché se déverse alors de la coquille.
Elle lui a juste entaillée la glande produisant le fluide convoité par son amie. Le coquillage survivra.

Bolinus brandaris aussi nommé Murex brandaris dont est extrait le pourpre de Tyr depuis l'antiquité.
...

Elle regarde Gouache interrogative un court instant, et termine :
C'est le nom de cette bestiole... Je sais pas d'où je le connais...

La petite ignora totalement la fraîcheur matinale, nue sous le sweet orange, les cheveux en bataille. Elle suivit l'exemple de Gouache en tranchant à son tour un mollusque. l'odeur ne tarda pas à venir s'infiltrer dans leurs narines. Cette odeur de fruits de mer fraîchement récoltés.
Gouache attrapa un second mollusque, posa la lame de son petit canif et exerça une légère pression. La bocal se remplissait doucement.

- Ah mais tu les connais alors. Oui, normalement c'est du pourpre...Mais bon, tant pis, la couleur sera quand même très belle. Je me suis beaucoup penchée sur des livres sur les plantes et autres.

Un troisième, mais celui ne se laissa pas faire sans dégats. Son ancre éclaboussa la joue de Mercredi.
Gouache se mise à rire.

- Oups! Excuse moi... J'y suis allé un peu fort. Attends j'vais t'essuyer ça.

L'écarlate posa un doigt bleu sur la joue de la gamine et étala l'éclaboussure de sorte à lui faire une grande moustache, type Salvador Dali. Tout en retenant son rire, elle assura à la gamine que tout été partit. La scène était d'autant plus drôle quand c'était Mercredi, la tombe humaine, froide et imprévisible, qui se faisait barbouiller. Gouache avait vu de quoi été capable la gamine. Tant pis si cela n'allait pas lui plaire, la jeune femme voulait passer un bon moment pour tenter de casser sa carapace. Et puis, l'écarlate aimait la présence de la jeune fille. Elle acceptait ce qu'elle était.
Puis, la curiosité la piqua, elle voulait connaitre la réaction de la macabre, du pied, Gouache poussa le seau d'eau jusque Mercredi afin qu'elle puisse voir son reflet.

- C'est pas très symétrique... Tu veux que je te fasse l'autre?

Mercredi regarde son reflet dans l'eau.
Puis lève la tête vers gouache, L'air interrogative.
Ceci était de toute évidence de l'humour,
mais la gamine n'a strictement aucune idée de la réaction à face à ça.
Amorphe, sa tête penche sur le coté, scrutant le visage de gouache, cherchant un comportement à mimer... mais rien lui vient.
Après un long moment elle rabaisse les yeux vers le sceau pour s'essuyer la figure avant de reprendre sa tâche sans répondre à sa dernière question.

Elle incise un nouveau mollusque et ouvre enfin la bouche pour tenter de relancer une conversation.
Effort remarquable de sa part.

Bleu... c'est sûr... ça va te changer.

La boutade de Gouache fit un flop déconcertant, pas un sourire, pas d’exaspération, même pas de vengeance. Cela dit tant mieux, Mercredi ne l'avait pas mal prit. L'écarlate se moqua d'elle même, elle se raclait la gorge avant de reprendre son travail. Un moment de solitude l'envahit, la petite n'avait pas la notion d'humour ou alors, Gouache devait revoir le sien. La scène pouvait paraître étrange, une femme en soutien gorge barbouillant une gamine en sweet orage, de l'encre des mollusques que toutes d'eux zigouillaient.

- Oui, j'aime le changement, alors ça tombe bien!

Le bocal se fut enfin remplit. L'écarlate passa le linge sur les épaules, puis se pencha en avant.

- Mercredi, s'il te plait. Verse un peu d'encre sur mes cheveux, on fera le haut du crâne après. Je vais bien la répartir avec mes mains.

Ça peux pas être pire que blonde.

Toujours sans rire la gamine lâche ça avant de saisir le bocal et s'approcher de Gouache.

Avec toute la douceur qui la caractérise, elle verse près de la moitié du contenu du bocal sur la tête blonde,
le repose rapidement et retourne enfoncer ses petits doigts dans la tignasse de son amie avant que l'encre versée en trop grande quantité ne ruisselle sur elle, remontant les mèches imbibées sur le dessus de sa tête.

La lotion de fortune bien repartie, Gouache attache ses cheveux en un chignon maladroit. Elle plonge ses mains dans le seau pour les laver et se tourne vers Mercredi toujours à ses côtés.

- Je pense que d'ici une demi heure la couleur sera bien fixée et je pourrai aller ma doucher. Merci pour ton aide! Tu peux retourner à ton nettoyage.

Feue l'écarlate, Gouache se lève et rassemble le matériel prêt de la porte pour le ranger un peu plus tard. Des gouttes de liquide tombent sur ses épaules. Elle s'assied par terre contre le mur et s'allume son premier joint du matin rangé dans son soutien gorge, briquet compris.