Poussière de fée, crochet raccroché

Citation :: Un bruit tonitruant, au loin, dans la nuit.

Celui d'une explosion.

Une des plages sent la poudre et la viande grillée.

Aux lampes torches, vous pouvez découvrir le corps inerte de celle qui se dénommait Ivy Violet.

Tout indique qu'elle a marché sur une mine antipersonnelle, à la vue de sa jambe droite et de son bas ventre littéralement arrachés.

Une vraie boucherie.

Triste fin.

Mais son visage livide est, peut être pour la première fois, extrêmement serein et tranquille.

Le visage d'un ange, figé sur des yeux d'enfants.

Vous devriez les lui fermer.

Un bruit.

Sourd.

Tonitruant.

Et une putain de prémonition de merde.

Nouanda se réveille en sueur la respiration haletante, le son s'évanouit déjà.

La chaleur étouffante lui a fait piquer du nez, pourtant là elle est alerte. Elle ne sait pas vraiment ce qui l'a sortie du sommeil, tout ce qu'elle sent c'est son coeur qui bat bien trop vite et l'adrénaline qui se déverse dans ses veines.

Il s'est passé quelque chose.

Il s'est passé quelque chose !

Elle largue là son cahier et ses dessins, chope sa lame et sort, vite, sans vérifier si elle est seule, si d'autres l'ont précédée ou suivie...

Elle court.

Lame au clair qui luit sous la clarté lunaire.

Elle court.

Une odeur... Elle la suit, une piste claire.

Ses pas ralentissent quand elle aperçoit la scène, de loin.

Un tour sur elle même pour vérifier sa relative sécurité. Puis elle accélère de nouveau.

Un cri.

- PUTAIN ! IVY !

Pas de soin, c'est pas la peine...

Et à côté du demi cadavre, une chose secouée de sanglots secs qui caresse les cheveux gras de la Fée Crochette.

Matelot Messages : 51 Date d'inscription : 17/11/2011

Alerté par l'explosion, le bioroïde fut rapidement sur les lieux.
Ne pouvant que constater les faits, il poussa un soupir, s'approchant de Nouanda et des reste d'Ivy, cependant le visage de cette dernière l'interpelle.
Il se pencha sur le corps, lui ferme les yeux dans un mouvement lent. Les fonctions vitales de la manchote s’étaient stoppées

C’était fini, puisse la fée crochette reposer en paix, au moins dans ses derniers instants ce n’était pas un visage plein de colère qu'elle avait affiché.

Des questions demeurent, ou avait'elle trouvé une mine antipersonnelle? Comment une vétéran telle qu'Ivy avait pus se faire avoir?

Il se tourna vers Nouanda, lui posant une main sur l'épaule, l'heure n'était pas aux questions.

-"Elle a trouvé la paix à présent."

En silence, la brune se relève.
Une pression sur la main de son ami, quelque chose qui voudrait dire que tout va bien, qu'elle est tranquille, en effet, en paix.
Son regard n'exprime rien d'autre que l'incompréhension.

Elle s'éloigne, quelques pas prudents, se penche, ramasse.

Encore une fois...

Et d'autres, nombreuses...

Les petits morceaux rougeâtres, sanguinolents, s'amassent entre ses doigts.

Quand elle a ratissé le terrain, elle les dépose sur le ventre dégoulinant de la Fée Crochette.
La bouillie de jambe rejoint le reste, puis elle la prend dans ses bras, comme une mariée.

Les armes et l'équipement d'Ivy tapent contre ses cuisses, elle est lourde, mais elle s'en fout. Si Haar fait le moindre geste pour l'aider, elle le repousse.

Nouanda avance, elle porte son deuil entre ses bras, direction le coin Flesh.

Ivy a toujours les yeux ouverts.

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

SCHLOUM...

Bruit sourd dans la nuit.
Mais très significatif pour un originaire de l'Est d'avant Crash. La Serbie pour être plus précis.
Une explosion donc. C'était plus en retrait. Un peu plus loin du port. Intrigué il s'y rend. Arme dans l'étui.

Pendant le trajet il ne voit personne s'affoler. Ce n'était pas une attaque. Bonne nouvelle...
Quand il arrive lampe à huile à la main en vue du secteur incriminé le Serbe y voit Nouanda et Haarbald.
Pas de soucis...
Juste que son Asiatique intime tire ce qui ressemble à un corps.
Un corps mutilé.
Plus loin des reste de shrapnels.

Hein ? Quoi ? On tire des obus dans le coin ? Des lancés de grenades ? Une mine ?
Sérieux mais c'est quoi cette merde ?
Milosevik était déjà dans un drôle d'état depuis l'annonce de la mort de Dezba... mais là c'était le pompon quand il voit qui.
Ivy...
L'intime de Juan. Sa "Sergent" privilégiée. L'étrange et renfermée femme avec qui Uggly aimait faire des reconnaissances.
Une des rares femmelle qui tapait pas sur le système de Kristen. Un exploit.
Elle était là, au sol, une jambe en moins et un trou au bide. Une mine à première vue.
Milosevik fait signe à Nouanda de ne plus bouger.

- Dépose la.

Il se rend à l'endroit de l'explosion et regarde les détails. Mais les voit-il ? Il est encore un peu défoncé.
Jess cherche on ne sait quoi. Il fait des pas rapides de tous les cotés et fait signe à Haarbald de venir. Il lui demandera:

- Haar... cherche des traces, des indices... l'origine.
Merci...

Politesse oblige pour cacher son envie d'exploser à son tour.
Il revient vers Nouanda. Il n'ose pas encore reporter son regard sur ce qui reste de la manchote.

- T'as vu quoi ? Il y avait qui dans le secteur ? Des témoins ?

C'est plus fort que lui, il se penche sur le corps en l'éclairant. Son visage se déforme. Une grimace de douleur se dessine.
Sa main vient à la rencontre du visage. Il tente de refermer les yeux.
Tout comme il l'avait fait pour plusieurs de ses connaissances mortes, il dépose un baiser sur le front.
Bon voyage au Styx Ivy...

Il prendra le corps d'Ivy dans ses bras et fera signe à Nouanda de prendre la jambe une fois la lanterne déposée au sol.
Direction... atelier de l'équipe.

Temps d'arrêt.

Un regard sombre est adressé à Jess. Première fois qu'elle le regarde ainsi, mais le regarde-t-elle vraiment ?

Lâcher son fardeau ? Lâcher Ivy ?

Elle reprend conscience lentement, consciente de qui s'adresse à elle, l'asiatique acquiesce.

Elle la dépose, doucement, presque tendrement. Une énième caresse sur les mèches brunes de la Fée Crochette.

- Personne. Rien.

Les mots font mal. Sa gorge douloureuse lui offre la sensation d'une déchirure violente, des flots montent à ses yeux.

Trop sensible, elle est devenue trop sensible.

Il lui a appris à s'attacher aux gens et elle a trop bien appris la leçon.

Elle ferme les yeux un instant, il n'est pas l'heure du laissez aller, pas le moment, pas encore... Plus tard.

Nouanda récupère la jambe, comme si elle portait un trésor, puis la lampe.

En route...

Pas un mot.

Elle déblaie une table pour que le Serbe puisse y déposer leur amie.

Faut-il que les gens soient morts pour qu'elle se rend compte d'à quel point elle y tient ?

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Personne donc...
Même pas un piège. En bon parano vengeur qu'était le Serbe il aurait bien aimer mettre un nom, un visage sur ce qui était arrivé à Ivy.
Là rien. Il pouvait aller se taper une queue pour jouir en solitaire. Personne avec qui partager.
La rage.
Quelle merde.
Quelle connerie.

Ils arrivent donc à cet atelier. Milo s'arrange pour mettre assez d'éclairage pour commencer on ne sait quoi.
Oui... il sort tout un tas d'instruments pour rafistoler Ivy comme s'il pouvait la réparer.
C'était peine perdue.
Plus d'une heure à s’acharner dessus avec du fil de fer et des vises.
Le bide refermé... la jambe greffée.

Elle ne bougera plus.
Jess reste un moment sans bouger devant le corps... ne faisant pas trop gaffe à qui pouvait être dans la pièce avec lui.
Il pouffe de dépis et ne décroche pas son regard du corps.
Le corps était là... il pouvait commencer le deuil... à défaut de n'avoir pu le faire pour ses six autres compagnons morts plus au Nord.

Tandis que le Serbe joue les Frankenstein, rafistolant la dépouille d'Ivy avec les morceaux d'elle-même et du fil de fer, Nouanda, elle, la lave. Pas à grande eau, non, elle ne la déshabille pas non plus. Mais le visage de la Fée qui redeviendra bientôt poussière est décrassé, ses mèches grasses sont peignées, lui donnant une apparence sereine et propre, apparence qu'on ne lui connaissait que trop peu.

Elle respecte le silence de Jess sans aucune difficulté, n'ayant aucune envie de parler. Elle songe que la femme étendue là a enfin l'air libérée du fardeau de sa vie. Les larmes ne sont pas au rendez-vous, même si la douleur est vive. Étonnant comme elle s'était attachée à la solitaire bien plus solidaire qu'elle ne voulait le laisser paraitre.

Nouanda est triste, oui, pour elle-même, parce qu'elle sent qu'elle aurait pu s'en faire une amie, parce que leur dernier échange, bien que houleux s'était terminé sur un élan de sincérité. Elle regrette de n'avoir pu la connaitre plus, n'en avoir pas eu le temps...

Les regrets ne servent plus à rien. Ivy est libérée de son carcan de chair meurtrie, de sa prison de douleur constante. La brune observe sa main qui caresse la chevelure d'ébène de la femme étendue là, comme un accompagnement dans son sommeil éternel.

Elle ne dit rien. Il n'y a rien à dire.