Ca sent le sapin...

La porte de la taverne se ferma, étouffant les voix qui émanaient leur vie à l'intérieur. Fatiguée, légèrement éméchée, Gouache se dirigea vers les dortoirs après ce retour auprès des siens...Norman...Il n'était pas là ce soir...Et personne n'avait mentionné son nom...
La lune argentée haute dans le ciel éclairée par ci par là la communauté. Gouache aimé quand l'abat jour se recouvrait d'un foulard bleu. Les fracas de la mer l'appelaient, l'incitaient à venir poser ses yeux sur ses confortables oreillers d'écumes. tournée vers sa direction, le vent la poussa, ses pieds décidèrent pour elle. Zigzaguant entre les maisonnettes et les divers ateliers, l'écarlate redécouvrit la communauté qu'elle aimait tant. L'étable où dormaient les chameaux, l'atelier d'arme qui sentait encore les étincelles de fer chaud, les hangar à bateaux, dont l'un était le cocon de Stark et Maëlle.

La mer était enfin en face d'elle mais elle n'était pas encore à l'endroit où elle aimait se poser. Avant de continuer, son regard se posa sur une nouvelle bâtisse qui donnait... sur le cimetière...Et si...D'un poids tombé de nulle part, son coeur se blottit, apeuré, contre la cage thoracique. La jeune femme passa la petite clôture "Cimetière marin", elle se souvint qu'elle n'y avait jamais vraiment mit les pieds...
Passant devant les tombes, d'un air qu'elle se voulut détaché, des noms inconnus gravés sur la pierre, jusqu'à tomber sur Ambre, la jeune fille qui avait voyagé avec l'Ordre quand tout c'était produit puis... Norman...Gouache se souvint de leur dernier contact, pendant plusieurs jours elle avait refusé de lui parler.
Elle n'était pas amoureuse de lui, comme il l'était envers elle. Son côté possessif et irréfléchi avait eu raison du temps et l'avait emporté sur sa grande gentillesse envers elle. De l'eau salée humidifia le grain de sa peau. Son coeur se chiffonna, papier mâché difficile à cracher. Il était parti le jour où elle aurait pu partir aussi.
La jeune femme envoya un baiser vers la tombe, souhaitant de ne plus jamais perdre quelqu'un de cher. L'écarlate leva ses yeux émeraudes noyés vers la mer. toujours aussi calme et pesante ce soir. Elle n'avait pas envi de rentrer dormir. Par peur de ne pas se réveiller ici.
Son regard s'arréta sur une maison inconnue qui se déssinait sur le ciel d'ancre et la mer, une lègere lueur coulait des volets. Comme une poupée de chiffon, Gouache se dirigea vers la petite maison. De plus prés, les planches étaient sombres, le toit biscornu, une sorcière, option fossoyeur, créchait à Oiléan? Gouache fit le tour de la maison, pour s'arréter dérrière. Intriguée, elle s'approcha doucement pour regarder entre les lattes des volets. Rien...Celles ci étaient trop serrées et puis, elle n'était pas d'humeur si curieuse ce soir. L'écarlate s'asseya face à sa vieille amie, dos à la maison. Les genoux contre son corps, elle sortit un cigare à moitié fumé, de Porta, piqué sur le comptoir et l'alluma de son vieux briquet resté sagement sous son oreiller le temps de ...son "voyage"

La sinistre gosse griffonnait quelques notes dans un carnet quand elle entendit un premier passage près de chez elle.
Pas plus intriguée que ça. Les visites nocturnes au cimetière ne sont pas rares.

Une bonne dizaine de minutes plus tard, les même pas se font entendre, se dirigeant vers la sortie.
Mais le son s'arrête quelques secondes avant de venir s'approcher de sa cabane.
Tourner autour, gratter aux volets...
Mercredi sort un rasoir de sa manche, le déplie et se dirige vers la porte quand elle entend un léger boum derrière la cabane.
Cible repérée.
Elle fait le tour, silencieuse. Passé le dernier angle de sa demeure, elle l'a en visuel.
Un tignasse rouge, vive même sous la lumière de la lune,
adossée au mur, le visage éclairé brièvement de lumière rougeâtre quand elle tire sur le cigare. Serait-ce elle ?
Cette fugace pensée lui faisant perdre sa concentration, elle met le pied sur une branchette... *crac*
L'écarlate dirige alors son regard vers elle.
Figée à contre-jour das la lumière lunaire elle ne peux distinguer d'abord que la lame étincelante
tenue par une petite main, puis la silhouette fine d'1m40 pas plus, en robe, bien droite, à l'arrêt, deux tresses...
Et une voix claire, monocorde, plus froide que la nuit :
Gouache ?

Sa posture ne change pas d'un poil, ni sur la défensive, ni effrayée, ni familière.

Le petit cigare se consumait doucement, pas mauvais.. La main libre de Gouache se cacha sous son gilet beige. Elle savoura cet instant de paix comme elle aimait tant faire. Plongée dans ses pensées, elle oublia vite qu'elle était adossée à une maison dont elle ne connaissait le propriétaire. Son esprit s'immergea dans les limbes du repos intellectuel. "Crac", comme tirée d'un sommeil sans rève, l'écarlate tourna vivement la tète vers le bruit. Une chose étincellait, à mieux y regarder, une silouhette noire enfantine se découpa sur le ciel bleu marine. Et une voix transperça sa comtemplation. " Gouache?". Celle ci fronça les sourcils, encore à peine réveillée, elle se leva doucement, son regard toujours qur l'objet étincellant. Une petite silhouette en robe...Le cimetière à côté ...Une voixdénudée de chaleur...Une arme?...Il n'y avait pas beaucoup d'enfant à Oilèan...Encore moins de petite fille... Débout mais encore à la même place, elle s'aventura.

- Mercredi? C'est toi?

La jeune femme plissa les yeux, toujours figés vers la petite silhouette à l'angle de la maison. Tout en continuant à tirer sur son cigare.

La lame se replie et retourne dans sa manche.
La fillette sors de l'ombre pour être visible distinctement.
Je reconnais ta voix.
J'avais hâte de te rencontrer...
T"a plutôt bonne mine pour une revenante.

Toujours peu habituée aux relations sociales,
la gosse est peu loquace et cache drôlement bien sa joie de voir celle qui l'a guidée jusqu'à cette cité où elle s'épanouie depuis quelques lunes maintenant.
Ranger son arme devrait être suffisant pour lui faire comprendre qu'elle est la bienvenue.

La lame disparue dans la manche de la petite. Preuve qu'elle n'allait rien lui faire. Toujours à l'angle de la maison, Mercredi s'avança à la lumière lunaire. Gouache esquissa un petit rire, surprise de voir que la jeune fille était presque comme elle l'imaginait. Tout en lui répondant l'écarlate s'avança vers elle, le cigare presque finit entre ses doigts..

- Je suis pas au top de la forme mais ça va oui. Moi aussi je voulais te rencontrer. Afin de m'assurer que tu allais bien depuis notre conversation radiophonique.

Gouache se mit accroupie afin de se mettre à la hauteur de la petit gothique, même si elle dû tout de même relever un peu la tète. Son index pâle chatouilla la joue de la gamine. Le visage de celle ci était totalement neutre, ses yeux noirs se plantaient sans détour dans les émeraudes de Gouache, mais celle ci ne baissa pas le regard, à cet âge et par les temps qui courent il faut s'affirmer pour ne pas se faire bouffer. Mais Mercredi dégagé quelque chose...Quelque chose pas encore déterminée...Mais étrange...

- Tu te balades avec des armes? C'est pas trop de ton âge. Tu fais quoi au cimetière à cette heure ci?

Tout en continuant à la regarder, l'écarlate tira sur le délicieux cigare de Porta. D'une pichenette elle le jeta après lui avoir raclé la tronche contre un cailloux, il n'y avait plus rien à en tirer. Sans aucun regard, le mégot s'écrasa au sol dans les dernières étincelles.

La fillette se laisse approcher et tripoter la joue sans réagir.
L'écarlate peux sentir ses muscles zygomatiques quasi atrophiés sous sa peau fine et douce d'enfant étonnamment soignée.
La posture de Gouache la laisse songeuse.
Mais elle aime assez devoir baisser les yeux pour regarder un adulte vivant. Pour une fois.

Armes ? Ah, le rasoir.
C'est un ustensile de cuisine surtout. Pratique pour tailler des filets... Et pour ma toilette aussi.
Sinon j'en ai d'autres, Stark m'a engagée dans l'Ordre, on va rouler ensemble maintenant.
C'est ici que je vis. le chinois m'a fait une maison.
Elle cogne du doigt au mur de la cabane en même temps sans quitter son amie des yeux.
Oui, oui, amie. Elle ne connais pas la signification du mot,encore moins du sentiment, mais c'est bien ça.

Viens, il fera meilleur à l'intérieur.

La petite glauque se retourne et se met en marche sans attendre de réponse.

Le vent commença à se lever, la fatigue procura à l'écarlate des frissons. Gouache se releva tout doucement toujours en regardant la fillette aux couettes impeccables. Comme un carré aux côtés égaux et aux angles parfaits, rien n'était de travers sur la petite macabre. Prête à tout enterrement possible. Difficile d’appréhender les faits et gestes de la jeune fille, son visage stoïque et impassible rappeler les portes de prison. Pourtant, cette petite "marginale" plut à Gouache. Elle l'avait aidé quand elle était dehors, même si...Mercredi s'adonnait à des pratiques peut orthodoxes...

- Ah? Tu rejoins l'Ordre? Tu dois cacher de bonnes qualités alors. Jolie maison, Zemin a bien travaillé! Tu en as de la chance.

L'écarlate emboîte le pas derrière Mercredi. Un dernier regard sur la masse d'encre, puis les paroles de la jeune fille font "tilt" dans l'esprit de Gouache. Tout en faisant le tour de la demeure de la petite gothique, l'écarlate s'amusa à imaginer des gargouilles au coin du toit...Avec un chapeau pirate et un bandeau sur l'oeil.

- Ok, je te suis...Heu, un rasoir...pour ta toilette? Tu te rase? ahah!

Oui je me rase. Je supporte pas les poils pubiens.

Lâchée toujours aussi froidement quand elle ouvre la porte et passe le seuil de sa petite maison.
Vraiment pas grande. Comme une chambre d'enfant.
Sous l'unique fenêtre à gauche, un petit bureau avec des feuilles en vrac,
un carnet ouvert griffonné de notes et quelques pilules colorées autour d'un crane humain faisant office de chandelier.

Dans l'angle à coté, un arc long appuyé contre le mur. L'écarlate manquera pas de reconnaître sa marque de fabrique.
Coté droit, un cercueil sans couvercle aménagé en lit et une table de chevet où la fillette viens poser son rasoir

Elle s'assied sur son tabouret devant son bureau et en tire un deuxième pour Gouache.

Tu me raconte ce qui t'es arrivé ?

En attendant les mots de Gouache, elle sors de sous le bureau un petit sachet d'herbes.
Elle en prend une pincée qu'elle mélange à un peu de tabac...

" Oui je me rase. Je supporte pas les poils pubiens." OK, elle était bizarre la gamine... Gouache ne préféra rien dire...
Toutes les deux entrèrent dans la maison de Mercredi, la porte était assez haute pour un adulte, mais Gouache ne pouvait se sentir comme Alice après avoir croqué un morceau de champignon dans la maison du lapin blanc.
La maisonnette était suffisante pour une enfant de son âge, de quoi lui faire une belle chambre aménagée. Même si on ne trouvait pas de jouer...Pour des enfants ordinaires car Mercredi devait bien s'amuser avec son arc...
Un crâne, espérons que se ne soit pas l'esclave que la petit gothique avait. Un cercueil en guise de lit....Pourtant il y a un lit de libre au dortoir....Des pillules roses, Gouache arréta de se voiler la face, cela ne servait à rien de chercher des solutions pour excuser les choses étranges qui se trouvaient dans cette maison.
Mercredi n'avait rien d'une enfant sauf le corps et la voix.
La fillette s'assit à son bureau, tirant un tabouret pour Gouache, celle ci s'y assit. Tout en regardant les petites mains manipulés du tabac et l'herbe. L'écarlate se mise à répondre.

- Ce qui m'est arrivé?

L'écarlate fouilla dans sa mémoire et tenta de recoller les pièces du puzzle. Tout lui venait en vrac, la rencontre de ces amis, de l'eau, une fête sur la plage, le soleil, du thé...

- Une nuit, le vent s'est levé, il sifflait sur le catamaran. Je pensais que c'était passager, puis la pluie s'en est mêlé. Tout ça à tournait en une tempête violente. Les éclairs illuminaient le ciel, malheureusement on était dehors quand tout à commencer. Je n'ai pas réussit à rejoindre la cale avant et je suis passée par dessus bord.
Je me souviens d'Ed me tendant sa main...
Ahem.. Je me suis débattu dans la mer, mais elle était trop violente, j'ai perdue connaissance et dérivé vers la plage la plus proche.
Une fois réveillée, j'ai trouvé un cadavre sur lequel j'ai trouvé quelques réserves et des vêtements sec...Un peu trop grands...J'ai remonter tout droit, laissant la :mer derrière moi, puis je suis tombé sur Ellie et Scal. Chacun de leur côté, ils étaient perdus. Il y avait Pepsy aussi, mais elle est allé vers New Vegas.
Bref, on a réussit à prendre contact avec Oiléan et nous avons reçu son aide et voilà.

L'écarlate regardait en direction de la fenêtre, les volets fermés, elle voyait la mer, elle entendait ses fracas. Pendant plusieurs lune, la jeune femme avait eu peur de ne plus jamais pouvoir l'approcher. Après s’être fait happée, son amie l'avait tout de même laissait en vie. Mais maintenant, Gouache se rendait vraiment compte de la puissance de cette masse.
Ses yeux se posèrent de nouveau sur Mercredi. Pendant un court instant, la fillette lui parut transparente. Puis, ce qu'elle venait de découvrir revint, Gouache sut enfin ce que la petite avait...Un côté malsain. Mais là, elle s'en fichait. Toutes les deux allaient faire route ensemble et donc accepter leur différences.

- Tu n'avais pas un esclave?

La petite termine son collage en écoutant le récit de Gouache.
Roulant le mélange dans les feuilles, elle donne le coup de langue final et commente tout en formant la longue cigarette :
J'aime bien les orages moi...

Elle se lève légèrement pour allumer le nouveau né à la chandelle brûlant sur le crâne avant de se rasseoir,
tirer une grosse taffe et le tendre à Gouache.

Curieuse attitude pour une fillette... Mais son visage s'humanise légèrement avec l'effet de la cigarette magique.

Mon jouet ?
Je l'ai donné à Aurore y a quelques lunes pour sortir en mission
et je lui ai laissé. J'avais pas le droit de l'abîmer, c'était pas drôle.

La gosse laisse un long silence s'installer avant de lâcher dans ses moustaches, tête baissée :
Je suis contente que tu soit revenue...

Gouache ouvra légèrement sa veste, chez la petite il faisait plus chaud que dehors. Elle écouta tranquillement la gamine tout en la regardant faire son cône. La petite immola légèrement se dernier avant de le passer à Gouache qu'elle porta à ses lèvres.
Les remarques de Mercredi, à propos de son homme-jouet fit rire l'écarlate. Même si au fond, c'était très inquiétant...
Ses pupilles s'étaient un peu dilatés, peu aprés que celles de la petite gothique aient fait de même. Gouache remarqua que Mercredi était un peu détendue, elle lâcha même une petite confession tète baissée.
Gouache en fut touché, elle voyait bien que ce genre de remarques n'étaient pas vraiment ordinaires pour la fillette. Voilà, pourquoi cela la toucha.

- Ah oui? C'est gentil. Je suis contente d’être revenue. Dehors, j'avais peur de ne plus revoir personne et de ne pouvoir rencontrer la fillette qui un soir me parlait jusqu'à me faire croire que je planais comme jamais.Petit rire.

Gouache baissa doucement la tète jusqu'à trouver le regard enfumé de la petite, une fois celui ci trouvé elle fit un sourire doux.

- Alors comment as tu séduis Stark pour te faire rejoindre nos rangs? Hmm?? Tonton Vel y est pour quelque chose?

La jeune femme tira une nouvelle taff et tendit le brûlé à Mercredi.

Regard interrogatif
Séduit ? ah non il m'a rien fait.
Oncle Vel m'a recommandée oui. Il pense que je peut être utile pour faire les saloperies...

Elle prend le joint tendu et tire une autre grosse taffe.
Pupilles complètement dilatées, elle bascule la tête en arrière, adossée au bureau et semble décoller.

Le cerveau de Gouache pivota sur lui même, du moins c'est l'impression qu'elle avait. Mais Mercredi, elle se laissait mollement tomber. L'écarlate n'aime pas vraiment cette scène, une enfant déjà dans un tel état par la fumette. Jusque là elle avait préféré ne pas relever, car Gouache savait pertinemment que son intervention ne pouvait pas changer le comportement de la petite macabre. Doucement, elle lui retire le joint d'entre ses doigts pour le mettre dans le cendrier en crâne. Puis commence à prendre la petite dans ses bras pour la mettre au lit afin d'éviter les dégâts...

Gouache dépose le joint dans le crane.
Quand elle se tourne à nouveau vers la gamine pour la prendre dans ses bras,
Elle la retrouve debout, droite comme un I face à elle, les bras le long du corps, ses yeux noirs plantés dans les siens.
Elle penche légèrement la tête sur le coté en fronçant les sourcils.
Plaît-il ..?

...

Un silence qui semble interminable, Gouache comme piégé dans les yeux de Mercredi ne parvient à s'en détourner.
Mais la fillette se relâche soudainement et une autre question retentis, comme si de rien était.
Tu veux sortir prendre l'air ?

Les bras semi tendus devant elle, Gouache sursauta légèrement, forcée de constater que la petite n'était pas tant que ça dans les vapes.
A cet instant précis, la gamine planta ses yeux griffant les émeraudes de l'écarlate. Son coeur tapa une fois contre sa cage thoaracique, cela lui fit presque mal.
Toutes les deux se fixèrent, le temps suspendu, pendu? Gouache chercha l'introuvable dans les yeux de la gamine, une émotion, une humanité...Mais rien. Même la bestialité s'enfuyait la queue entre les pattes. Mercredi n'avait rien de ..."normal"...Mais ici, qui était normal? Ed lui avait parlé de son passé et du serbe. D'autres récits s'ajoutaient à cette thèse.
Gouache décida donc de ne pas traiter Mercredi comme une enfant. Elle chercherait à la comprendre pour au mieux communiquer, cela s’avérerait primordiale pour le groupe.
Reboot, Mercredi sortit de sa contemplation forcée pour continuer comme si de rien n'était.
L'écarlate ne put que rire.

- Pourquoi pas...Contente d'avoir vu ton logis, Zemin a bien fait.

Gouache se retourna, prit le joint et le tapota lègerement pour faire tomber la cendre, puis le porta à ses lèvres. Elle tira dessus puis le donna à Mercredi en lui souriant.

- Je te suis,

La porte s'ouvrit, Gouache quitta l'antre de la bête, la pleine lune était d'une blancheur glaçante. La communauté était toujours autant éclairée par sa lumière que l'on pourrait croire artificielle.

Comme elle le pensait, la petite lugubre sentit Gouache se détendre une fois à l'air libre.
Pas qu'elle se souciait de son bien-être... quoi que... si, peut être un peu...
Un sentiment étrange l'habite depuis leur premier contact radio.
Une sorte d'attachement, beaucoup plus fort maintenant qu'elle peux la voir, la sentir.
Elle se sent bien auprès d'elle, presque admirative pour cette femme entière.
La première humaine qu'elle n'a pas effrayée...

Une fois arrivées jusqu'à l'entrée du petit cimetière pirate, la gosse se tourne vers son amie et laisse planer un petit silence avant de lâcher :
Tu connaît sûrement plein d'endroits cachés ici toi. Tu me montre ?

Elle se place au coté de Gouache l'air de rien...
L'écarlate sent alors une petite main froide chercher la sienne.
Mercredi regarde droit devant elle et reste silencieuse.

Le cimetière marin s'approché d'elles, les voilà tout deux à sa clôture. Le vent s'amusait à onduler les cheveux de Gouache, celle ci ne se laissa pas faire. Délicatement, elle remit une mèche derrière son oreille, quand sa main redescendit le long de son corps, elle sentit une petite main glacée. Oui, elle cherchait bien la main de la jeune femme, celle ci l'accueillit dans sa paume doucement. Mercredi devait bien faire quelques polémiques aux sein des citoyens fomoires, elle n'était pas banale. Mais à bien se comporter avec elle, on pouvait voir une étincelle de reconnaissance en elle. Les lèvres de l'écarlate formèrent un léger sourire, pas un sourire conquérant non... un sourire touché. Gouache savait que ce geste était beaucoup venant de Mercredi. Elle décida donc de rester silencieuse, d'accepter sa petite pogne sans remarque.
A la question de la jeune fille, Gouache scruta les environs comme pour mieux chercher dans sa mémoire. Tout en balayant les alentours du regard, son autre main valide frottait la main glacée de la petite pour la réchauffer. Mais rien n'y faisait.
Ses émeraudes s’arrêtèrent loin derrière le cimetière, elle pointa le lointain de son index, toujours en tenant de l'autre la main de Mercredi.

- Là bas, il y a une grotte si tu n'as pas peur de te mouiller les pieds. J'y suis allé une fois. Elle est pas trop mal. En plus la pleine lune peut nous éclairer. Après à voir si l'eau l'a engloutie le temps de la nuit.

Quelle idée stupide! Voilà ce que l'on aurait pu dire à Gouache. Amener une enfant en pleine nuit dans une grotte...Mais Mercredi n'était pas une simple enfant...Elle était habile à l'esprit vivace. Ou alors...On aurait pu dire aussi, qu'elle idée idiote d'aller là bas, loin de tout avec cette gamine psychopathe...De toute façon, elles étaient en route...

- Je sais pas toi, mais la musique me manque. La dernière fois que j'en ai écouté c’était sur la plage avec les Coyotes. Tu connais une chanson Mercredi?

Hmm un coin sombre et humide. Rien de tel pour ravir la petite lugubre.

- Je sais pas toi, mais la musique me manque. La dernière fois que j'en ai écouté c’était sur la plage avec les Coyotes. Tu connais une chanson Mercredi?

de la musique ? sur ces mots Mercredi lâche la main de son amie pour fouiller dans sa poche.
Elle en tire un petit appareil.
Elle sait pas ce que c'est mais elle sait à quoi ça sert.
sans arrêter la marche elle déroule le fil autour du petit boîtier en plastique, accroche un écouteur à son oreille et tends l'autre à gouache avant de lui reprendre la main.
J'ai trouvé ça dans les marais...

*kachak* petit craquement dans l'oreille quand l'appareil s'illumine dans la main libre de la gosse.
Elle pianote un petit moment avec les flèches de navigation avant de faire sortir les première vibrations.

Dès les premières notes, les pas de la fillette se mettent au rythme de la musique.
Gouache peux même sentir Mercredi sautiller légèrement à chaque fois que la mesure est frappée,
et voir ses lèvres s'agiter sans sons pour reprendre les mots "I want to kill everyboy in the world" à chaque fois qu'ils se présentent.

La petite fouille dans la poche de sa robe, Gouache intriguée regarde la petit sortir un petit objet. Un Ipod. La petite lâche la main de l'écarlate pour dérouler le fil des écouteurs. La jeune femme surprise se réjouie de pouvoir écouter quelques mélodies...
Une oreillette en connection avec le tympan, "Krac", la musique se prépare, les auditeurs reprennent leur marche main dans la main.
La symphonie peut débuter...
Enfin....Si on peut dire. Sons métalliques, voix synthétisées, rythme bestial. La musique n'est pas mauvaise, elle est même en adéquation avec les temps qui courent...Un peu trop même. Cette musique ne fait pas oublier à Gouache l'épée de Damoclès qui pèse sur tout le monde.
Sa main bouge toute seule...Voilà, qui fait redescendre Gouache de ses pensées du soir. La petite s'agite en rythme sur la "mélodie", ses lèvres s'ouvrent pour répéter en écho les paroles brèves mais qui en disent long. L'écarlate n'est pas surprise de voir la fillette chantonner sur ce genre de musique au contraire.
Tout en continuant à avancer, toutes les deux traversent la plage jusqu'à arriver à une petite crique, les bords aux gros rochers mousseux. Tout au bout, un trou noir se déssine contre la pierre, c'est la fameuse Grotte. A son entrée, une plage de gros galets noirs. Gouache est forcée de constater que l'endroit n'est pas submergé par la mer, voilà déjà un bon point. L'écarlate se tourne, toujours en tenant la main de Mercredi. Elle retire l'oreillette et lui rend.

- Voilà, Tu vois c'est là bas. Heureusement qu'il y a la pleine lune sinon on ne saurait pas ou mettre les pieds.

Gouache hésite à proposer son aide, si la gamine n'arrive pas à enjamber les rochers. Mais, elle ne dit rien. Elle guette toute demande. Mercredi est autonome, elle a passait plusieurs jours dehors en mission, elle s’entraîne dur et est habile. Lui proposer de l'aide pour de vulgaires cailloux serait mal venu. Gouache enjambe le premier gros cailloux, puis se retourne vers la gamine, le sourire aux lèvres, elle lui fait signe de la suivre.

La gosse amorphe a un certain talent pour capter les sentiments des autres.
Sentant le léger malaise de Gouache, elle lance un message pas forcément opportun, mais elle tiens à ce que ça se sache quand même.
Celui qui te tuera connaîtra l'enfer.
...
Avant de mourir.

Sur ces mots elle tends le baladeur à Gouache, esquissant un léger sourire. Attendrissant ou effrayant ?
Mercredi n'est pas douée à ce genre d'exercice... ou peut être que si finalement...

L'écarlate prends de l'avance sur les rochers, montrant la voix à la gamine qui part à sa suite.
À l'aise, elle sautille de cailloux en cailloux pour compenser la courte longueur de ses jambes.
Mais alors que Gouache se retourne soulagée, prête à repartir en avant :*Splash*.
Mercredi trop confiante à glissée sur une algue posée sur un rocher.
Quand Gouache se retourne, elle la vois les quatre fers en l'air, fesses dans l'eau.

"Celui qui te tuera connaîtra l'enfer.
...
Avant de mourir."
Ces mots tapent dans la tète de flammes, tout en gardant le silence, Gouache se dit la même chose pour la gamine. Que personne n'y touche. Une étrange alchimie se forme entre elles, certaines personnes pourraient croire qu'elle deviendrait malsaine pour l'écarlate avec une telle enfant. Mais pas elle, sans savoir pourquoi, elle avait de plus en plus envie de la connaitre, de la défendre, de la soutenir. Bref.

Les rochers passés pour gouache, évités pour Mercredi, maudite algue visqueuse...
Cette chute offre d'abord une belle peur à Gouache, une chute sur un rocher peut faire de beaux dégâts à quiconque. Mais la petite est indemne, sa belle robe funèbre un peu mouillée. Gouache se baisse et lui tend la main, un sourire rassurant sans moquerie.
L'écarlate contemple le visage poupon de Mercredi, elles connaissent depuis quelques heures et Gouache ne pensait pas passer une telle nuit pour son retour. Une belle découverte face à la mer.

- Ca va? Ta robe est mouillée, tu veux rentrer te changer?

Petite moue vexée. Mercredi saisit la main de gouache pour se relever.
Elle est tombée les fesses dans le sable, aucun bobo à signaler donc.

Merci. Ça va aller. Il fait pas froid.
Elle se tapote les fesses pour en faire tomber le plus gros du sable et passe les derniers cailloux pour se sortir des rochers.

Elle reprend la main de Gouache aussitôt que celle-ci est revenue à sa hauteur et les deux continuent leur chemin vers la grotte.

La petite main glacée de retour dans la sienne, la marche pouvait reprendre. La mer se jetait contre les rochers, tentant une embuscade à chaque foulée. Jalouse que cette nuit ci, l'écarlate la passe ne compagnie de la macabre plutôt que d'admirer madame? Celle ne tarit pas d'étincelles sur sa robe marine aux reflets lunaires. Le cailloux rond toujours aussi lumineux au dessus de leur tète. La grotte était enfin devant elle, la lune illuminait une faible partie de son intérieur, mais pas chance l'endroit n'était pas inondé. Les parois étaient de pierres très sombres, aux endroit plus ou moins brisés, les éclats au sol. Jalouse d'une gamine portant le noir comme personne, d'une forte aura autour d'elle. Gouache sentait la force et la rage qui irradiait de la petite, qui, elle en était sure, ne seront pas vains.
Les stalactites côtoient les stalagmites. Un peu plus au fond, on peut voir un canapé au couleur grignotaient pas l'eau iodée. Vieux canapés autrefois noir et aux roses ternes.
Le meuble est savamment positionné, offrant un cadre de pierre donnant sur la mer et les côtes pirates.
Gouache lèva la tète pour admirer l'endroit, une main sur l'épaule de la gamine. Son regard se pose sur elle.

- Voilà, nous y sommes. Tu en pense quoi? On a une superbe vue ici. Par contre, je pense qu'il ne faut pas trop s'y attarder non plus, on patauge un peu dans l'eau...Mais on a le temps.

Devant la caverne, la gamine est surprise par une vision surréaliste.
Elle ne voit plus que Gouache rayonnante dans l'obscurité.

Un rubis pénétré par un rayon lune, drapé, protégé dans les ténèbres, dans ses ténèbres.

Ni froid ni chaud, choyant ce joyau, d'une passion et douceur infinie.
*Je serais l'obscurité qui révèle sa beauté, et dévorera quiconque voudrait la lui voler*

Tirée brusquement de sa contemplation par la main sur son épaule et les quelques mots de son amie, la petite recul de quelques pas.
Les yeux ronds comme des billes elle semble effrayée, elle fixe Gouache.
son cœur cogne comme un sourd dans sa poitrine. Elle comprends pas ce qui lui arrive.
après un temps qui lui semble avoir été une éternité, d'un bond, elle fonce sur Gouache.
Passant ses bras au tour de sa taille et sa petite tête contre son ventre, elle la serre fort.
D'une petite voix tremblante, elle marmonne dans ses moustaches :
Je t'interdit de disparaître encore... je te quitterais plus.

Alors que la mer fouettait les rochers dans un fracas, Gouache fut percutée par l'enfant. La petite tète enfouie contre son bras, l'écarlate lui caressa ses cheveux ébènes, au reflets de quartz, tout en écoutant les paroles de la petite macabre dans un murmure. A ses mots, la jeune femme la serra encore plus fort, toutes deux étaient silencieuses, même la mer se faisait plus discrète. Ravalant ses remous incessants l'espace d'un instant, un instant suspendu par ce moment.
Gouache fut touchée par ces propos, l'alchimie s'était faite de suite entre elles, presque comme une évidence.
Mercredi lui offrit une nouvelle facette, l'avait elle montrait à quelqu'un d'autre? Sans importance.
La petite macabre lui offrait beaucoup, l'écarlate savait que ce n'était pas facile pour la gamine.
Gouache lui déposa un baiser sur ses cheveux puis s'accroupie pour se mettre à la hauteur de Mercredi. Elle la fixait, toujours silencieuse, un sourire se déssina.

- Je serai toujours là pour toi. Pour te protéger et vivre des moments comme ce soir. Mercredi, tu es unique, ne laisse personne te changer.

Gouache passa ses bras sous ceux de la petite et la serra fort. Ses pieds baignaient dans l'eau marine mais qu'importe, elle ne voulait pas gâcher cet instant. C'est à ce moment là que Gouache se dit que, malgré la forte personnalité de la macabre, elle était tout de même une enfant.
La confession de la petite prouva bien à Gouache, que l'amour était toujours présent, si elle pouvait avoir des émotions alors tout le monde pouvait en avoir.
Comme deux aimants qui s'attirent, le positif et le négatif.
Mercredi devint alors une nouvelle raison à Gouache de se battre chaque jour, la petite allait devenir sa force, son pilier.
Son précieux diamant noir qu'il ne fallait pas rayer. Un diamant incontrôlable, " Suis moi dans mon rêve, dis moi si je suis folle. Personne ne te touchera sans que lui donne un avant goût d'au de là".

Ca sent le sapin... Rosh-hanikra-grotte-visoterra-10645