Les rustines du Seigneur

Aslan n'était plus à ça près...
Entre la cuisine à chair humaine et le verre qu'on boit pour se donner de la contenance et oublier ce qui vous entoure, il avait déjà transgressé deux interdictions de l'Islam : le porc et l'alcool.
Le turc n'était pas particulièrement croyant, mais il avait toujours la culpabilité de ses tabous culturels et il tentait parfois de s'y rattacher, comme pour garder un lien encore vivant avec le passé...

Alors...
Réparer une église, vous pensez bien...
Ça tenait plus de la rédemption que du pêché...

Et le voilà, bardé d'un sac à dos et d'une sorte de cartouchière à outils, marchant d'un pas nonchalant en direction de l'église Santa Mercedes, apercevant par la même plusieurs ombres occupant son ancien clocher.

La première, c'est mademoiselle Caral, fidèle à son poste et à ses habitudes de chat perché, il la salue d'un sourire et d'un simple geste de la main.
A côté d'elle, une silhouette immobile fixe l'horizon, sans même lui prêter attention.
Enfin, plus en retrait encore, une autre femme fume une cigarette.
Il croit apercevoir une quatrième forme, puis se ravise...
On verra à l'intérieur...

Bien chargé, la montée ne se fait pas sans mal.
Le turc prend son temps, après tout il n'y pas de contre-maître et, pour cette tâche, il est son seul patron...

"Mesdames..."

Dit-il en posant son barda.

"'scusez-moi d'avance pour le bruit, mais j'ai quelques tuiles à r'placer.
Et des tuiles, ici, ça manque pas..."

Il soupire longuement.

"Bon..."

L'homme retire la corde enroulée qu'il portait en bandoulière et l'attache solidement à l'un des barreaux de la tour.
Il enfile rapidement des gants, fait un tour autour de sa taille avec celle-ci, passe la rambarde et descend aussi prestement sur le toit.

Au bout d'une demie heure, le bruit des travaux fait fuir rapidement deux de ces dames...
Cela ne dérange pas plus l'ancien couvreur, tristement habitué à interrompre les méditations à coups de marteaux et autres scies à métaux.

Un nouvel arrivant fait alors son apparition dans la pampa.
Il vient lui aussi à l'église...
Sa mine est plutôt patibulaire, mais une église a déjà vu d'autres croque-morts, alors...
L'homme disparait, rentrant dans le bâtiment, pour réapparaitre quelques instants plus tard en haut du bâtiment.

Le turc, lui continue de travailler, il jette néanmoins régulièrement un oeil au clocher.
Cette silhouette immobile...
C'était bien cette femme qui parlait à Jess, il y a de ça quelques jours...

Aslan tente assez longuement de se concentrer sur son travail, mais il ne peut pas s'empêcher de la toiser régulièrement.
C'est vrai, elle est étrange...
D'abord dans son comportement, sa façon de marcher, de regarder...
Et puis ces étranges stigmates, qu'il avait aperçu sur sa peau...
Et puis quel rapport avec Jess, nom de nom ?

Sa curiosité est trop grande...
Il décide donc de prendre une pause, portant la main à la poche.
Marchant avec aisance sur le toit, il se met à proximité de voix du mirador improvisé.
S'allumant ce qui semble être une cigarette, il inspire et recrache une épaisse fumée, avant d'enfin engager la conversation.

"Vous avez eu un accident ?"

Non, pas "bonjour", il l'a déjà salué.
Pas de transition sur le temps non plus, Aslan préfère les chemins bien tracés...

Elle n'est pas certaine. Cette voix, cette question : sont-elles pour elle. Surtout que l'homme est plus bas, sur le toit.
Elle n'est pas venue pour retaper le lieu saint, non. Juste prendre un peu de soleil, pendant ce petit cadeau climatique.
Elle ne bouge pas. N'ouvre même pas un oeil. Accoudée à la rambarde, elle finit par sourire. Après tout, elle peut bien répondre.
Son rire ne fait qu'anticiper un éventuel quiproquo, et chasse le sentiment de ridicule qui pourrait en découler.

Serrée dans sa veste et son jeans, il y a peu de place pour les apparences. Alors, elle salue cette voix perchée.

"Monsieur..."

Elle tapote son front de son index, les paupières invariablement closes, mais le sourire plus ouvert.
Un court résumé, pour ne par faire fuir l'homme-chat.

"Je suis tombée sur Mazzy par accident. Une jeune femme... Et puis, personne ne lui a appris a prendre soin des autres..."

Son visage reste coloré de bleus jaunes. Mais dans l'ensemble, on peut y voir la forme initiale de son visage.

"On m'a retiré les fils, je ne devrais plus être si gonflée. Et vous, qui êtes-vous ?"

"Mazzy, dîtes-vous ?
Hmm..."

Ce nom lui dit bien quelque chose, il est persuadé de l'avoir déjà entendu, mais n'arrive pas à remettre un souvenir dessus.
En réalité, Haarbald lui en avait déjà parlé et l'avait déjà prévenu de ses étranges comportements et de ses origines plus étranges encore...
Seulement...
Avec les temps qui courent, la mémoire du turc déraille quelque peu, c'est un trop petit détail pour qu'il s'en souvienne.
Surtout en ce moment....

"Parce qu'en plus vous aviez des points de suture ?
Et bah, dîtes-moi, elle vous a pas raté...

Aslan Öztürk...
Nous sommes parmi les derniers arrivants en ville...
Enfin en ville...
Drôle d'expression n'est-ce pas ?

On s'est déjà croisé l'autre jour...
Vous vous souvenez ?
Au euh...
Au marché, on va dire ça comme ça...

Vous étiez en compagnie de Jess...
Enfin d'monsieur Milosevik...
Vous l'connaissez depuis longtemps ?"

Que de questions. Elle retire ses gants façon mitaines et les fourre dans la poche de son blouson.

"Je l'ai connu il y a quelques temps. Lors de son passage avec les Flesh dans une ville, et c'est bien une ville cette fois, qui s'appelle New Vegas. Mais à l'époque nous avons eu un lourd différent... Je ne sais pas si je peux vous en parler. Enfin, je ne l'ai plus revu depuis. Et cette fois, j'espère que nous sommes sur la voie de la réconciliation. La mort de Kristen m'a rappelé combien nous sommes mortels et que les rancoeurs devraient être oubliées... Au risque de ne jamais pouvoir se dire au revoir, ou même adieu."

"Je me souviens de votre voix. Votre accent... J'ai rarement entendu un tel accent depuis que ce monde existe. Enchantée Aslan. Si vous me permettez de vous appeler ainsi. J'ai peur d'écorcher le reste de votre nom. Et vous, vous connaissez Jess Milosevik depuis longtemps ?"

Il doit avoir ses oreilles qui sifflent le Serbe. Elle sourit à l'idée qu'il puisse s'apercevoir qu'ils parlent de lui.

"En tous cas, vous avez l'air de vous plaire ici. J'ai cru comprendre que vous vous chargiez de remettre en état quelques bâtiments. Je suppose que si la volonté existe, Santa Mierda pourrait devenir une ville."

Le turc écoute son histoire avec attention.
C'est bizarre pour lui de plonger dans le passé des Flesh et du serbe.
Il y a quelque chose de voyeur, mais la curiosité humaine est trop forte pour y prendre vraiment garde.

Elle évoque enfin Kristen et un millier d'images défilent dans sa tête.
Une longue chevelure au couleur du blé, un rire éclatant et sonore, une remarque acerbe, une bouille pleine de malice, ...
Une bouteille de vodka, aussi...

Mais Aslan s'égare et revient dans le fil de la conversation.

"Ah, oui, y'en a du taf ici...
Mais c'était mon métier, savez ?
J'ai pas fait que ça, mais j'ai été couvreur autrefois...
Alors si j'peux rendre service tout en m'rappelant de vieux souvenirs...
Aha !

Jess Milosevik, oui...
Oui, j'le connais bien maintenant.
Ça doit bien faire un an que j'le connais lui et les Flesh...
Ils nous ont sorti d'affaire l'hiver dernier, savez...
Quand on était encore dans l'grand nord...

J'vais pas vous dire que c'sont les gens les plus fréquentables de c'monde...
Mais nous on leur doit beaucoup en tout cas...
On en a tué des paires de pompes ensemble..."

L'homme rallume son mégot et, après avoir pris une bonne bouffée, il lui revient une partie de la conversation précédente.

"Mais dîtes-moi, c'est marrant que vous ret'niez beaucoup plus les voix que les visages...
Vous êtes musicienne ?"

"Non. Du tout."

Ca tombe un peu durement. Du moins, c'est l'impression que ça pourrait donner sans la connaitre.
Puis, elle se met à rire. Elle n'a rien d'une artiste, et encore moins d'une musicienne. C'est à peine si elle sait danser, ou chanter.
Mais l'idée la rend heureuse. Peut être qu'elle devrait... Mais ici, qui aurait la patience de lui apprendre.
Depuis le départ de l'Ordre de Santa Mierda, il est le premier vivant ici, qui ne soit pas de la Marabunta, à lui adresser la parole spontanément.

Elle reprend son souffle, et tourne le visage vers lui. Ses yeux pâles sont bien expressifs, malgré le peu qu'ils servent.

"Je ne vous vois presque pas. Vous êtes une sorte d'amas de nuances de gris-orangé. Votre ombre est un peu plus nette. Ce qui vous soutient, je suppose, est un toit, une sorte de dégradé ocre aux bords mal définis. Le soleil fait briller le tout, c'est très beau. Vu d'ici. Ca me fait plaisir de voir quelques couleurs, ce n'est pas systématique."

Il est donc son ami. Elle a bien fait de la fermer sur les motifs qui ont séparés l'aveugle et le Serbe.
Elle lui sourit juste un peu plus amicalement qu'au début. Moins de mystère maintenant qu'il sait pour son handicap.

"La vie est bien faite, en ce qui vous concerne. Vous voudriez que je vous aide ?"

Le turc se passe la main sur la nuque, quelque peu gêné par cette première réponse assez tranchée.
Aurait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Soudain la jeune femme éclate de rire.
La main d'Aslan passe de la nuque au contour de sa barbe.

Quel idiot...
Comment ne l'a-t-il pas remarqué ?
Il commence à s'en vouloir, mais Emy semble assumer sa cécité et en plaisante même.
L'endroit est quelque peu cocasse mais la discussion est plutôt agréable et il se détend sans peine.

"J'suis pas sûr qu'elle soit si bien faîte, m'dame...
La preuve...
C'est moi qui manque de clairvoyance, voyez..."

Il laisse enfin un sourire regagner son visage.

"Vous m'aidez déjà, ne vous en faites pas...
Un brin d'conversation en c'bas monde, ça d'vient assez rare finalement.
Et puis j'ai b'soin de quelqu'un pour prévenir les s'cours si jamais je v'nais à chuter.
Et croyez-moi, vous m'entendrez tomber..."

Il soupire en regardant brièvement son ventre...

"Mais dîtes-moi...
Quel est l'prénom d'ma nouvelle collègue ?"

"Aslan, je vous présente Emi Louise. Mais Emi suffit."

De sa poche intérieure, elle sort des lunettes de soleil qu'elle pose sur son nez retroussé à force de faire face aux rayons.
Elle continue, très à l'aise.

"Je fais ce que je peux pour faire oublier ma cécité. Je n'apprécie pas en général les traitements de faveur, mais je dois avouer qu'ici, je n'ai pas le choix. Je ne connais pas bien les lieux encore... Aller d'un point à un autre devient vite complexe. Il me faudra encore un peu de temps pour mémoriser les distances, les directions, les odeurs, les voix... Les pratiques."

Et certainement un tas d'autres choses, une liste interminable qui lui arrache un soupir souriant. Elle n'est pas ici en vacances.

"Une adaptation complète est en cours. Et vous ... Vous restez ici encore quelques temps ? J'aimerai bien entendre vos histoires sur le Nord... Enfin, le grand Nord. Je n'y suis jamais allée. Et cela vous évitera de penser à tomber."

D'ailleurs, elle n'est jamais allée nulle part, mais autant garder ce défaut-là pour plus tard.

Emi Louise...
Ce nom ne lui était pas étranger et pour cause, il l'avait déjà entendu sur les ondes publiques.
La voix de New Vegas il fût un temps...
Enfin...
Cela ne restait qu'une ville dont il ne connaissait rien et dont il connaissait l'existence que de ce qu'on avait bien voulu lui rapporter...

"Et bien, enchanté, Emi..."

La pause des lunettes semble accompagner sa présentation et cela lui fait esquisser un sourire.
Pendant qu'elle lui parle, Aslan en profite pour se remettre au travail.
Il emballe les tuiles brisées dans un petit sac en tissu et garde de côté les plus grands morceaux.
Il faut les garder, on ne sait jamais, un bout par ci, un bout par là, ça peut toujours servir à reboucher un trou ou à mêler les débris à une sorte de torchis.
Il ne reste plus qu'à aller chercher son sac et à remplacer les tuiles manquantes.
Pendant qu'il grimpe difficilement au clocher, les questions fusent et c'est un peu essoufflé qu'il lui répond.

"Attendez...
J'arrive..."

Un bruit sourd s'écrase au sol.
Le turc vient de se rater en passant la rambarde et se retrouve au niveau des pieds de la jeune femme.
Il se relève aussi sec, l'air de rien...
Après tout, pour une fois, on ne l'a pas vu...

"Hum...
Désolé, fallait que j'remonte prendre quelques trucs dans mon sac...
J'vais p't-être le descendre finalement..."

Il commence à attacher la corde autour de son paquetage pour le descendre sur le toit.

"On va r'partir rapidement hélas, Jess et les siens nous attendaient d'puis pas mal de lunes déjà...
On était resté en arrière pour ravitailler ceux qui en avaient besoin...
On l'a été longtemps dans l'passé, nous, donc ça nous a paru naturel, voyez...
Hum..."

L'homme semble oublier volontairement l'un des éléments de son voyage.
Il descend son paquet sur le toit.

"En tout cas, tout porte à croire qu'on r'viendra dans l'secteur, m'dame, pour sûr.
J'crois qu'on est pas mal à être liés par le destin à c'tte ville de toute façon...
Et puis, on oublie pas les Fomoires non plus...
Zont fait pas mal pour nous aussi...

Et le nord..."

Plusieurs souvenirs lui reviennent en tête, autant bons que désagréables, aussi merveilleux qu'abominables...

"Vous savez c'que c'est...
On sort d'un abri, on débarque d'un bateau et on fait la connaissance de la nouvelle réalité d'ce monde...
On fait d'belles rencontres bien sûr...
Heureus'ment...
Mais parfois vous faites des choses pas très reluisantes non plus...
On a passé l'hiver dans les chaines de montagnes en plus, donc j'vous laisse imaginer...
L'enfer dans un paradis d'velours...

Bref...

Le reste de notre histoire n'est qu'une série d'exodes...
Pour échapper aux appétits des mêmes et garder l'espoir d'un avenir meilleur...
C'est p't-être la dernier richesse qu'il nous reste, aha !

Et vous ?
J'aurai une chance d'vous r'croiser pendant le printemps ?"

La surprise est totale alors que Spider'Slan tombe à coté d'elle. Elle ressent l'onde choc et l'air déplacé. Elle s'inquiète jusqu'à ce qu'il parle à nouveau, décrivant son plan.
Elle en est presque à retrouver son sourire quand il lui annonce que le départ est proche. Très proche.

Puis l'habitude reprend le dessus. Comme à Vegas, les gens vont et viennent. Tout comme l'Ordre qui est parti bien trop vite, les Flesh ont décidé de faire de même.
Elle acquiesce et son approbation reste discrète.

Elle imagine difficilement un hiver en montagne. Alors, elle écoute avec sérieux. Le souvenir de ces moments est possiblement pénible pour le couvreur.
Par respect, elle ne pose pas davantage de questions sur le sujet.
Et lorsqu'il aborde le sujet du printemps...

Elle se remet face au soleil.

"Je suppose, si nous survivons jusque là. La ville reste la cible la plus sexy du sud... Quand la menace du gel se sera dissipé, pensez-vous qu'il y aura encore beaucoup de monde ici pour garder les véhicules ? Je n'en sais rien moi-même. On m'a souvent reproché de survivre enterrée. J'aimerai que maintenant, on me reproche de survivre avec ce qui semble être du courage."

"Je soutiendrai la Marabunta autant de temps qu'ils accepteront de traîner une aveugle avec eux. Je soutiendrai cette ville que vous construisez, si il y a besoin, tout comme je continue d'aider New Vegas ou la Station 404."

Elle remonte les lunettes sur le haut de son crâne et se tourne vers lui.

"Et vous, serez vous au rendez-vous au printemps ?"

"Et bah dîtes donc, vous en avez une grande famille..."

Aslan sourit

"La cible la plus sexy...
C'est bien la première fois que j'entends une femme s'intéresser à l'automobile, ahaha...
Mais vous avez tristement raison hélas..."

L'homme reprend de son sérieux en tentant d'imaginer un moment ce qui pourra être son avenir...
Et il n'y arrive pas...
Il ne sait pas de quoi demain sera fait, cela fait plus d'un mois qu'il se le demande, alors en quelques secondes...

"J'aimerais bien vous dire qu'on sera au rendez-vous, m'dame, mais ça dépendra pas que d'nous, voyez...
En c'moment, les promesses sont plutôt difficiles à t'nir et les ch'mins mal fréquentés, aha !

'scusez-moi, j'dois retourner travailler..."

Le turc passe de nouveau la main sur sa nuque, frottant ses cheveux, puis la salue machinalement de la tête.
Il enjambe la rambarde en sens inverse, mais cette fois-ci avec plus de précaution.

"Enchanté d'avoir fait votre connaissance, Emy de New Vegas.
Si vous avez b'soin de quoique ce soit, une fuite sur votre toit notamment, pensez à moi, aha !
J'compte donc sur vous avant les chaleurs estivales, hein ?
J'compte bien vérifier si vous êtes plus bronzée qu'moi à not'retour ou pas...
Ça marche ?"

Sa silhouette est plus sombre maintenant qu'il est à son niveau. C'est plus complexe de le distinguer.
Pourtant, elle entend bien son sourire, et apprécie de le divertir un peu dans son travail autrement qu'en lui posant des questions chiantes.
Elle le suit du visage alors qu'il entreprend de la quitter, de manière acrobatique.

"Je serai là. Et je ne sais pas si je bronze... Autant que vous... Je vous fais confiance pour me dire ce qu'il en sera à votre retour. Au pire, nous trouverons un arbitre qui ne soit pas déjà vendu..."

Et pour ajouter un peu de difficulté à sa position, elle lui tend la main, pour un adieu jusqu'au prochain -revoir-.

"Faites bon voyage. Vous et les vôtres. Aslan. C'était ravissant de vous rencontrer."

Drôle de rencontre.
L'air pur d'une relation en toute simplicité.
Il en oublierait presque la réalité qui les entoure.

Il prend sa main avec délicatesse, le sourire dans la voix, et la regarde dans les yeux.
Après tout, pourquoi se comporterait-il autrement ?

"Ravissant est l'mot qui convient, chère Emi.
J'ai rarement eu d'clients aussi agréables, aha !
Et pour votre bronzage...
Quelque chose me dit que le résultat importe peu.
Le principal c'est qu'vous preniez soin d'vous et ça doit en faire partie.

A bientôt...
Et passez mes hommages à la garde latino, hein ?"

Aslan se penche légèrement en arrière, puis les pieds contre la paroi, les mains sur la corde, il redescend sûrement sur le toit d'un endroit qui lui parait encore bien plus paisible qu'auparavant.
Il regarde l'horizon un moment, réfléchissant à la conversation qu'il vient d'avoir.
Le turc pousse un profond soupir, mêlé de satisfaction , mais aussi d'interrogations.

Finalement, se convaincant de se remettre au travail, il sort de son sac de petits morceaux de tôles ondulées en souriant.
Elles sont destinées à remplacer les vieilles ardoises, ces tuiles qui sont parmi les plus nobles...
Il panse ce toit comme il panse son coeur, l'acte est symbolique.
Il panse, il panse, il pense...
De simples rustines, oui...
Celles du Seigneur sur le toit du monde...