L'herbe bleue

Du coin de l'oeil, elle leurs avait dit "au revoir". Les pics montagneux s'estompaient derrière le groupe, laissant place aux dunes, aux arbres gris et nus, prêts à accueillir le froid. Les feuilles préféraient se laisser mourir plutôt que de se faire mordre pas l'hiver.
Boule électrique dépassant les vestiges d'un passé lointain et d'un passé qui l'était moins.
Les électrons se frottaient entre eux, augmentant la charge, la pression. Le ying et le yang, Ellie et Mamba avaient scellé le silence entre elles. La macabre et le vétéran aguerri, Mercredi et Vel...perplexe situation...imprévisible.
Le pic-vert égratignant la boite crânienne de la jeune femme aux cheveux trempés dans la défense des mollusques... Elle se masse les tempes, délaissant la bride de son chameau, brave pépère qui suit les autres.

Campement posé, groupe allié au loin. Eux aussi ont dû prendre la fuite après l'attaque. Bon sang...rappelle pas le pic-vert avec ça...Mets un cadenas...
La routine du campement revient, pas désagréable. On respire.

Le repas cuit sur pierre est servi. La saphir décida de déserter la "table" ce soir là. Un rapide tour à la tente, des joints dans les poches avec le briquet... La lueur du feu éclair partiellement l'intérieur faisant briller une bouteille dépassant d'un sac. Viens...tu vas avoir froid.
Gouache sort de la tente, la bouteille dans la poche de jean élargie. La ballade commence.

Le sol humide et quelque peu gadouilleux, Gouache décida de se poser dans un arbre. Le dos calé contre le tronc, à cheval sur une branche, la jeune femme débouche la bouteille, c'est du rhum...Non t'en auras pas saleté de marteau piqueur à plumes.
La gorge laisse passer le liquide chaud, c'est les lèvres humides que celles ci délaisse le goulot pour un stick artisanal. Une flamme sort du petit zippo, "te goure pas Jade, c'est le joint qu'il faut allumer..." Gouache s'imagine ivre, embrassant la flamme de ses lèvres baba au rhum, burning man!
Le stick allumé, la jeune femme s'amuse à rajouter des nuages au ciel étoilé. C'est fou ce que la lune est présente ce soir...

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Le niveau de la bouteille a réduit de moitié, les mégots de sticks éparpillés au sol.
La joue contre la branche, les fesses vers le ciel, Gouache ressemble à un bébé singe sur le dos de sa mère sur cette branche. Une main vient s’effondrer sur son crâne, mauvaise idée...Perte d'équilibre, la jeune femme bascule mollement sur le côté, un oeil s'ouvre. On tombe alerte! Déconnez pas!
Elle sursaute, une main vient retenir la branche, Gouache tombe accroupie dans ses cadavres de joints, la bouteille perd son liquide, c'est con de mourir d'une chute sans rien se briser...
Il fait chaud... L'esprit intacte mais au ralentit, tout comme son corps, la jeune femme fait route vers le campement, vaut mieux pas dormir on ne sait où à moitié ivre.

Sur son chemin, au loin, des silhouettes. Trois réunies, dont une au sol....C'est quoi le délire? Pas bonne cette beuh, sont ou les éléphants malabar?
Gouache se rapproche légèrement, juste assez pour les identifier, merci à la lune et sa lumière crue.
Stark...Ed...Et?
Et un mec pas au mieux de sa forme...Son chef et le libertin l'ont trouvé ainsi? Un oiseau tombe du ciel...
Ah! Il y a Mercredi à leurs côtés...
Des claques, des claques pour ta pomme. T'es plus à ça prêt, tu es véreuse!
Non, elle hallucine pas. Mercredi s'éloigne...Quelqu'un approche au loin.
Une étincelle surgit sur l'ombre à chapeau. La lune lui envoie un détail de se qu'il se passe sous ses yeux.
Une lame...Dans le main du capitaine.

Gouache s'avance un peu plus, la voilà derrière un rocher en ébats avec des buissons. L'un semble avoir ses racines sous le gros cailloux. C'est entre les feuilles que Gouache regarde la scène.
A dix mètres d'elle, la scène se déroule, théâtre glauque, la lune tient bien son rôle de projecteur.
Mercredi intercepte une certaine Yuki, quel nom débile...

Le doc.... La saphir se souvient de Stark bouillonnant après un contact radio juste après l'attaque de la cité portuaire. Il a donc rencontré son interlocuteur...
"Enchanté" comme on disait avant sur un pas de porte.
La jeune femme cachée ne comprend pas l'ampleur qu'a donné Stark à tout cela. Elle est légitime certes, mais bon il n'a encore rien fait. Le capturé a juste reçu de l'aide pour la digestion de ses dents.
La nausée monte, est ce bien ses compagnons de route devant elle? Ed...Il a jamais fait dans la dentelle, Gouache connait un peu son passé, mais le voir à l'oeuvre n'a rien de réjouissant et de plus, voir Stark, le capitaine droit et juste, vomir ces mots... Mais merde? Il se sont trompés dans le scripte?
Mais mer...credi...Petite Mercredi...
Un hoquet retenu derrière une main tremblante.
Rends toi à l'évidence...Tu dis de Ellie, mais toi aussi t'es pas au club Med..
Gouache ne sait pas quoi faire, c'est le problème de Stark...mais un homme en prend méchamment pour son grade..."Vas pas rabaisser ton chef devant les deux nouveaux... Tais toi pour montrer que tu es avec lui quoi qu'il arrive. Tu as fait la promesse de lui être fidèle et en plus...
Ses yeux s'écarquillent....Ils suivent difficilement le trajet de la lame sur la joue de la victime, mais elle le devine.
Gouache, sans s'en rendre compte, se lève légèrement, comme si son corps voulait réagir, l'esprit tétanisé.
Des larmes s'échappent de leur hublot de contemplation, c'est trop pour elles.
Quand Stark admire son travail, la saphir se tapit de nouveau derrière le rocher.
Elle avait imprégné au passage le sourire vautour du libertin.
Mercredi n'avait rien raté à la scène...C'est pas à cette heure ci les dessins animés...Elle est une pro pour les snober.

Gouache se mord la lèvre à sang "ferme la!" Ses yeux embués, elle n'entend plus rien...Elle contemple la mer rouge sur l'homme.
Son coeur veut sortir, il bourrine dans la cage, en camisole se jette comme un fou de tous les côtés. Ça bouchonne dans les canaux vitaux, la cockpit sent sa cervelle s’asphyxier.

" Credi, Ed, retournez au camp on s'en va..."
Reconnexion, la lune s'est barré...Froussarde...
Gouache se retourne, les jambes engourdies, la saphir se retient de ne pas tomber de tout son long.
C'est à moitié courbée qu'elle retourne à sa tente.
Une fois à l'intérieur, Gouache se donne des claques, se passe de l'eau sur le visage...Au pire si ses émotions se voient, elle mettra ça sur le dos de l'herbe bleue...